Suite à une étude menée par le cabinet Pouget Consultants pour IGNES, l’indicateur « confort d’été » du DPE ou Diagnostic de performance énergétique manque de cohérence. L’enquête a révélé des erreurs importantes au niveau du calcul. 26% des indicateurs calculés sont donc erronés. IGNES recommande une amélioration de la méthodologie afin d’optimiser sa fiabilité. L’association indique également qu’en dépit de ces lacunes, le nombre de logements non adaptés aux fortes chaleurs reste très élevé.
26% des indicateurs « confort d’été » erronés
L’étude d’IGNES
Le DPE donne des informations précieuses. Il permet de connaître le niveau de consommation énergétique annuelle d’un bien immobilier et son impact environnemental. Le document renseigne également sur le confort thermique du bâti. Lorsque ce terme est évoqué, la plupart des gens pensent au fait d’être bien protégés du froid pendant l’hiver. Mais depuis quelques années, le DPE permet aussi de connaître la capacité du bien immobilier à protéger ses occupants contre la forte chaleur en été. En effet, il intègre désormais un indicateur « confort d’été ».
IGNES, le syndicat des industriels proposant des solutions électriques et numériques pour le bâtiment, a confié une mission spéciale au cabinet Pouget Consultants. Elle consiste à analyser les DPE enregistrés depuis l’intégration de l’indicateur « confort d’été ». Le résultat de l’enquête a révélé un certain nombre d’incohérences. Elles concernent en premier lieu le niveau des calculs. A priori, 26 % des indicateurs sont erronés, ce qui a provoqué des erreurs au niveau du classement.
Des incohérences relevés
Pouget Consultants a relevé quelques incohérences au niveau de la méthode d’évaluation. Dans les DPE enregistrés, 21% des logements sont classés bons, 43% en moyen et 35,5% en insuffisant. Mais après l’analyse de Pouget Consultants, 11% des logements sont dotés d’un indicateur de confort d’été « bon », 42% « moyen » et environ 47% » classés en « insuffisant ».
Le cabinet a aussi observé que l’indicateur ne prend pas en compte la localisation du bâtiment. Du coup, le nombre de bâtiments mal notés est très élevé dans les zones rurales. Pourtant, ces logements présentent peu de risques de surchauffe. En revanche, « les grands centres urbains exposés aux effets d’îlot de chaleur concentrent moins de logements inadaptés au sens de l’indicateur du DPE ». En ajout à tout cela, l’analyse révèle que ces bâtiments inadaptés aux fortes chaleurs se concentrent dans les zones les moins exposées à la chaleur.
90% des logements non adaptés aux fortes chaleurs
Cette étude d’IGNES révèle qu’un logement sur 6 n’est pas adapté aux fortes chaleurs, soit 90% des logements. La France abrite donc de nombreuses bouilloires thermiques. La plupart d’entre elles ne disposent pas de protections solaires extérieures adéquates.
Confort d’été dans le DPE : de quoi s’agit-il ?
L’indicateur « confort d’été » permet d’évaluer le niveau de confort passif d’un bien immobilier pendant la saison chaude. D’une manière plus concrète, il indique « la capacité du bâtiment à maintenir une température intérieure maximale agréable l’été, sans avoir à recourir à un système de climatisation ».
Notons que l’indicateur « confort d’été » concerne uniquement les bâtiments individuels et les appartements. Les paramètres d’évaluation sont mentionnés dans l’annexe 9 de l’arrêté du 31 mars 2021. Ils incluent notamment :
- l’isolation thermique de la toiture,
- la présence de protections solaires extérieures,
- le niveau d’inertie de la maison individuelle ou de l’appartement,
- le caractère traversant le bâtiment,
- la présence de brasseurs d’airs fixes.
L’indicateur évalue le « confort d’été » passif du logement sur une échelle à trois niveaux : bon, moyen, insuffisant.
Différence entre indicateur confort d’été et indicateur DH
L’indicateur « confort d’été » est bien différent de l’indicateur degré heure (DH) de la RE2020 (Réglementation environnementale). Ce dernier remplace la Tic (Température intérieure conventionnelle) de la Réglementation thermique 2012, une norme à respecter pour chaque construction neuve.
L’indicateur DH permet de connaître le nombre d’heures sur l’année durant lesquelles, la température de confort n’est pas atteinte ou elle est dépassée. Notons en effet qu’un seuil bas de 350 DH et un seuil haut de 1250 DH sont imposés. La température du bâtiment doit se trouver entre eux. L’indicateur DH concerne uniquement les bâtiments neufs. Il doit être pris en compte dès le début du projet de construction.
Pour que le bâtiment à construire présente les caractéristiques thermiques requises, quelques solutions peuvent être adoptées. Il faut par exemple renforcer son isolation ou encore l’équiper de protections solaires performantes. On peut aussi installer des systèmes de chauffage et des climatisations fonctionnant avec des énergies renouvelables comme les pompes à chaleur.
Installer des brasseurs d’air ou des puits climatiques dans les constructions neuves constitue également une bonne option. Tous ces équipements améliorent le confort thermique et réduisent les consommations énergétiques.
A quoi sert l’indicateur « confort d’été » ?
L’indicateur « confort d’été » n’a aucune influence sur la note DPE classée de A à G du logement. Il est uniquement fourni à titre informatif et il est à découvrir à la seconde page du document. Pourtant, cet indicateur constitue un composant crucial du DPE. Il permet de savoir si le logement peut préserver la fraîcheur en été. Cela a évidemment un impact sur sa consommation d’énergie.
En effet, si le logement expose ses occupants à la surchauffe, ces derniers sont obligés d’utiliser une climatisation. Or, un tel équipement est souvent énergivore, sauf s’il fonctionne avec une énergie renouvelable comme la pompe à chaleur réversible air/air.
Notons que de nombreux logements en France sont des bouilloires thermiques. La Fondation Abbé Pierre a lancé une alerte à ce sujet en 2023. Selon l’association, 55% des Français ont fait part de leur manque de confort pendant la saison chaude.
Performance énergétique et confort d’été
Peut-on évaluer la performance énergétique d’un logement avec l’indicateur « confort d’été » ? Tout d’abord, il faut souligner qu’un bâtiment performant possède une classe A, B ou C au DPE. Mais selon l’étude d’IGNES, 31% des logements bien classés au DPE présentent une mauvaise note en termes de confort d’été. A en tenir compte, cet indicateur ne permet pas de mesurer l’efficacité énergétique d’un bâtiment.
Amélioration de la méthodologie liée à l’indicateur « confort d’été » nécessaire
Par le biais de sa déléguée générale, Anne-Sophie Perrissin-Fabert, IGNES estime qu’il est important d’améliorer cet indicateur. L’association demande aux pouvoirs publics de « réunir au plus vite les professionnels du secteur pour travailler » dessus. Il est important de renforcer la fiabilité de l’indicateur.
L’étude d’IGNES recommande la vérification de l’algorithme d’évaluation de l’indicateur afin de limiter les erreurs. Il faut aussi intégrer divers critères comme :
- les zones climatiques,
- l’exposition des bâtiments aux journées chaudes,
- le type de protections disponibles,
- la location du bien immobilier,
- le système de ventilation disponible.
L’importance de l’indicateur « confort d’été » pour les propriétaires
L’indicateur de confort d’été DPE peut devenir un outil puissant pour sensibiliser les propriétaires à engager des travaux de rénovation thermique s’il est fiable. Ces opérations permettent en effet d’améliorer de manière significative la performance énergétique du bâtiment. Elles garantissent également des économies d’énergie.
Notons que la rénovation énergétique ne sert pas uniquement à préparer le bâtiment pour l’hiver. Elle ne se résume pas au remplacement du système de chauffage. L’opération permet surtout de rectifier les erreurs commises lors de la construction d’un bâtiment. Il faut citer entre autres l’amélioration de la performance de l’isolation thermique. Elle influence la consommation des bâtiments. Les pouvoirs publics pourraient s’appuyer sur l’indicateur confort d’été pour promouvoir la réalisation de travaux de rénovation ambitieux. Ces derniers réduiront le nombre de passoires et de bouilloires énergétiques.